Moi, Tituba sorcière… de Maryse Condé

Couverture du livre Moi, Tituba sorcière... de Maryse Condé.
Portrait de Tituba par la couverture du livre Moi, Tituba sorcière... de Maryse Condé.
Portrait de Tituba via la couverture du livre Moi, Tituba sorcière… de Maryse Condé.

« Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King, un jour de 16** alors que le navire faisait voile vers la Barbade. C’est de cette agression que je suis née. De cet acte de haine et de mépris. » C’est ainsi que débute la biographie romancée de Maryse Condé. Fille d’esclave, Tituba fut l’une des premières sorcières de Salem. Toute sa vie, elle subira les barbaries du XVIIe siècle : le racisme colonial et son esclavage, la prison, les diverses tortures, viols, les pendaisons ou encore le sexisme.

Une étrange destinée

Tituba naît sur l’île de la Barbade. Île colonisée par les anglais qui incendièrent les villages des Barbadiens afin de s’y installer. C’est sous l’oppression de son peuple que Tituba grandit, forcée à travailler par les détenteurs d’esclaves. À l’âge de sept ans, sa mère fut pendue pour avoir tenté d’échapper à un énième viol. Tituba est alors élevée par Man Yaya, une guérisseuse qui l’initie aux bienfaits des plantes et des potions ainsi qu’à la pratique de rituels et de sacrifices.  
« – Tu souffriras dans ta vie. Beaucoup. Beaucoup. Ces paroles qui me plongeaient dans la terreur, elle les prononçait avec calme, presque en souriant.  – Mais tu survivras ! » 
Lors de la mort de Man Yaya, notre héroïne, âgée de quatorze ans, rencontre John Indien. Elle se mariera avec cet esclave quelques années plus tard, au dépend de sa liberté. Vendu par la propriétaire de John, le jeune couple doit suivre son nouveau maître, le révérend Samuel Parris. Emmenée à Boston, Tituba découvre les premiers soupçons à son égard. En effet, Elizabeth Parris, femme du révérend, tombe gravement malade. Tituba, guérisseuse initiée, tente de la soigner. Trois jours plus tard, celle-ci guérit. 

Dessin de Tituba face à des enfants.
Tituba représentée par le dessinateur Alfred Fredericks dans le livre « A Popular History of the United States » de W. C. Bryant.


Un an après, Samuel Parris accepte l’offre d’une paroisse d’un village puritain nommé Salem. Tituba s’occupera d’un groupe de jeunes filles au sein du foyer Parris. À la suite de crises d’hystérie que semble déclencher sa présence, Tituba est accusée de pactiser avec le Malin. C’est ainsi que Tituba et d’autres femmes, dans cette société puritaine, provoquent la chasse aux sorcières et ses procès de 1692. Accusée injustement de sorcellerie à cause de ses connaissances, Tituba confesse « son crime » auprès d’autres accusés et fut emprisonnée. Dix-neuf personnes furent pendues. De plus, un homme, Giles Corey, fut le premier condamné du Massachusetts à « peine forte et dure » : écrasement par accumulation de pierres sur le corps. Après avoir puisé toute son énergie pour échapper à la sentence réservée aux sorcières, Tituba est oubliée en prison.

Un retour aux sources ?

Après un long séjour dans sa cellule, notre guérisseuse sera rachetée par un commerçant juif : Benjamin Cohen d’Azevedo. Celui-ci la traite d’une manière respectueuse. Malheureusement, les habitants de la petite ville n’acceptent pas l’amitié entre Tituba et le Juif, et, une nuit, la maison de Benjamin brûle. En conséquence, le commerçant offre la liberté à Tituba qui décide de s’empresser sur son île natale : la Barbade.

Accueillie par un groupe de marrons (groupe d’esclaves se cachant dans les montagnes), elle choisit de retourner dans son ancienne cabane dans la forêt, là où elle vivait avant de rencontrer John Indien. Un jour, les marrons conduisent Tituba à un jeune homme cruellement blessé, Iphigène. Une fois guéri, il deviendra son amant. À la suite d’une révolte d’esclaves envers le peuple Blanc, Iphigène sera accusé d’avoir organisé et participé à la mort de plusieurs personnes. Il est alors exécuté. Tituba, elle, considérée comme complice, est pendue. C’est alors que notre héroïne rejoint l’au-delà avec une mission : soutenir et aider les futurs esclaves.

Dessin de Tituba face à un marin anglais.

Dans ce livre, l’auteure nous retrace la vie de Tituba : la mort de sa mère, sa rencontre avec John Indien, ses adieux à la Barbade, son procès ou encore sa vie en prison. Par cette histoire semi-fictive, Maryse Condé réussit à vous faire entrevoir tous les vices du XVIIe siècle.

Photographie de Maryse Condé.
Photographie de l’écrivaine, journaliste et professeure de littérature Maryse Condé.

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