Le site Médiapart est la cible d’une perquisition lundi 4 février 2019
Pourquoi le média est-il visé ? Avait-il le droit de s’opposer à cette perquisition ? Et pourquoi cette perquisition agite le débat public ?
Article écrit par Rédac by Nat

Le rappel des faits dans le contexte de l’affaire Benalla
Après la diffusion d’enregistrements de conversations entre Alexandre Benalla et Vincent Crase par Médiapart, la justice a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire. Cette décision intervient dans le cadre d’informations portées à sa connaissance. Celle-ci enquête sur le motif d’atteinte à la vie privée. Par ailleurs, cette plainte n’a pas été déposée par Alexandre Benalla, ni Vincent Crase, mais par la justice. Médiapart justifie la diffusion des enregistrements par une information d’intérêt public.
Médiapart s’oppose à la perquisition, légal ou pas ?
Cette perquisition est ordonnée dans le cadre d’une enquête préliminaire. C’est donc un procureur qui décide de mener sa propre enquête. À l’issue, il peut soit classer l’affaire sans suite, soit nommer un juge d’instruction. Légalement, le consentement du mis en cause est nécessaire. En l’occurrence, Médiapart s’y est opposé. Cette procédure diffère de l’information judiciaire qui est menée par un juge d’instruction. Dans ce cas, il n’y a pas de refus possible à la perquisition. Depuis, Médiapart a remis à la justice 7 enregistrements.
Pourquoi cette tentative de perquisition fait débat ?
L’affaire fait grand bruit dans les médias. Le travail des journalistes est encadré par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. La protection des sources étant inscrite dans cette loi fondamentale, les journalistes voient donc cette perquisition comme une violation de leur liberté d’expression. Médiapart craint notamment que les locaux des médias ne soient plus un sanctuaire protégeant les sources.
Ce qui dérange également c’est que cette perquisition semble être ordonnée par les plus hauts niveaux du pouvoir. Médiapart dénonce une justice à deux vitesses, la décision intervenant deux jours seulement après la diffusion des enregistrements. Le média rappelle que la décision de perquisition du domicile d’Alexandre Benalla n’avait pas été aussi rapide.
Dans cette affaire, des soupçons d’impunité pèsent sur Alexandre Benalla qui bénéficierait de soutiens des plus hautes instances. Edwy Plenel, président et cofondateur de Médiapart, dénonce la rapidité exercée par la justice sur ce dossier.