Pour «Le Temps», 22 critiques francophones (dont 12 femmes) ont établi la liste de leurs séries télévisées favorites et, dès la deuxième place, ce classement a de quoi surprendre.
Pas moins de 181 séries ont été citées. Ce nombre très élevé ne peut que nous réjouir. Après avoir compilé toutes ces réponses sur le principe d’une citation-une voix, Le Temps a établi le classement des 50 meilleures séries télévisées de l’histoire. Chacune des séries, apparaissant dans ce classement, a obtenu au minimum 3 votes. Sur la première marche du podium, The Wire, a récolté 14 voix. Elle est suivie de près par la série Lost, 12 voix, et par les séries Les Soprano, Le Prisonnier et The West Wing, qui obtiennent 10 voix chacune.
Au delà du classement, ce sondage permet surtout de dégager les quatre grandes tendances actuelles de la production de séries audiovisuelles.
HBO, leader incontesté, loin devant Netflix
Évidemment, il a fallu faire des choix et ce fut loin d’être évident. Il faut dire que, si le genre n’a pas plus de 70 ans, un nombre incalculable de séries est produit chaque année dans le monde.
C’est surprenant, mais les résultats de ce classement sont formels : les séries les plus récentes, notamment produites par Netflix, et les plus visionnées de ces dernières années, n’apparaissent pas nécessairement dans le haut du classement. Seules The Crown, création originale de la célèbre plateforme de streaming et Black Mirror, dont le catalogue a été racheté par Netflix, tirent leur épingle du jeu. Il est vrai que si Netflix écrase aujourd’hui la concurrence, la plateforme produit ses propres séries depuis seulement 5 ans. Malgré un rythme de production effréné, impossible donc pour l’heure, de rattraper le solide catalogue de HBO, leader incontesté de ce classement, qui place notamment The Wire, Les Soprano, Game of Thrones, Six Feet Under ou encore The Leftovers dans les premières places.
Les classiques toujours à l’honneur
Malgré la jeunesse de cet art populaire, par son mode de diffusion et sa nature commerciale, les séries TV ont déjà leurs classiques et ces derniers sont bien représentés dans ce classement. On y retrouve ainsi le Prisonnier, La quatrième dimension ou encore, le célèbre Chapeau melon et bottes de cuir. Comme pour la littérature, les aficionados de séries TV se sont constitués un répertoire de grands classiques qui résiste, pour le moment, à l’assaut des productions modernes.
L’écrasante domination de l’Oncle Sam
On ne peut pas vraiment dire que c’est une surprise : les États-Unis écrasent littéralement la concurrence. Le pays, où les séries radiophoniques puis télévisuelles ont vu le jour, monopolise trente-trois des cinquante places que compte le palmarès.
En comparaison, la France ne recueille que trois voix et le Danemark seulement deux. Le Québec, avec Minuit, le soir, se hisse à une marche du podium. La Belgique et la Suisse ne figurent même pas dans le classement. Seule la Grand-Bretagne fait de la résistance, avec pas moins de 11 citations, grâce à des séries classiques, telles qu’Amicalement vôtre, mais aussi à des productions plus récentes, comme la très surprenante et populaire The Crown. Fait remarquable : les deux séries Netflix, citées par les critiques, sont anglaises.
Une production uniformisée
Si l’offre de séries est aujourd’hui pléthorique, elle se caractérise par un manque frappant de diversité. Ce classement en est la preuve. Alors que la littérature nous donne accès à des cultures diverses et variées, les séries TV sont dominées par la superpuissance audiovisuelle américaine, qui exporte ses productions diffusées en masse par les chaînes nationales et propose une vision uniformisée du monde. Il est impératif de remettre de la diversité dans cet art populaire, afin de le pérenniser et d’attirer un nouveau public.
Ironiquement, ce sont bien les géants américains qui s’emparent aujourd’hui de cette question. Amazon, Netflix, ou encore Apple, achètent ou produisent des séries en provenance des quatre coins de la planète, afin de les diffuser au monde entier. Les séries espagnoles à succès produites par Netflix, telles que Casa del Papel ou Elite, sont sans doute les exemples parfaits de ce tournant dans l’histoire des séries TV.
Ce palmarès, malgré ses limites, illustre avec brio les grandes tendances du moment. Des superproductions récentes couplées aux grands classiques forment une offre audiovisuelle dominée par les Etats-Unis et HBO. Une offre qui tend cependant, peu à peu, à s’ouvrir, pour laisser la place à d’autres acteurs et d’autres cultures. Le changement est en marche !