Depuis 15 jours, la vie au Liban est rythmée par des rassemblements populaires de masse et des barricades géantes. Une puissante révolte populaire paralyse totalement le pays et réclame le départ de tous ses dirigeants. Quand l’insurrection vire à la révolution : que se passe-t-il au Liban ?
Ce qui a mis le feu aux poudres
Ce qui a mis le feu aux poudres

Le détonateur de ce soulèvement populaire sans précédent a été l’annonce d’une taxe gouvernementale sur les communications WhatsApp le 17 octobre. Annulée depuis, cette nouvelle mesure a fait déborder le vase pour des dizaines de milliers de Libanais qui vivent l’augmentation du coût de la vie et la détérioration des services publics depuis plusieurs années.
Inchangée depuis près de 20 ans, la classe politique libanaise impose en effet de lourdes restrictions afin de réduire l’important déficit public. Une situation explosive qui a poussé plus d’un tiers de la population libanaise à descendre dans la rue pour protester contre la corruption et la crise économique grandissante.
Le mouvement contestataire a commencé par des manifestations pacifiques sur les places des grandes villes, puis elle s’est étendue à tout le territoire comme une traînée de poudre. Blocage des axes routiers, fermeture des banques, grève générale des institutions culturelles et des écoles, le pays entier est à l’arrêt depuis plus de deux semaines.
Que demande le peuple ?
Que demande le peuple ?

Jeunes, retraités, syndicats, femmes, anciens militaires… la colère du peuple libanais ne connait ni frontières sociales, ni économiques. C’est un véritable mouvement d’unité nationale dont la revendication collective première est le remplacement immédiat de toute la classe au pouvoir, à commencer par le gouvernement.
Considérées comme corrompues, ce sont toutes les composantes de la société politique et des institutions du pays qui sont visées : les politiciens mais aussi les médias et les organisations religieuses. « Tous, cela veut dire tous » peut-on lire sur les pancartes brandies par la foule. Une version libanaise du slogan révolutionnaire « Que se vayan todos » (« Qu’ils s’en aillent tous ») d’Amérique du Sud.
« C’est une révolution sans précédent (…) Les gens ne décoléreront pas, c’est tout un pays qui chante à l’unisson et main dans la main pour se sauver » a déclaré une manifestante au Liban. Largement relayé sur les réseaux sociaux avec le hashtag #lebanonrevolution notamment, le mouvement a pris beaucoup d’ampleur en quelques semaines, jusqu’à faire céder le gouvernement. Le 29 octobre, le Premier Ministre libanais Saad Hariri annonce sa démission. C’est une première victoire !
Comme au Chili, en Tunisie ou en Espagne, ou récemment en Équateur, plusieurs révoltes populaires de masse éclatent de nos jours pour protester contre un système politique liberticide. Ce qu’il se passe au Liban nous montre comment un ras-le-bol général peut devenir matière inflammable et rebattre les cartes de l’avenir d’un pays.