Et si on vous mettait au parfum de Grasse ?

N’avez-vous pas déjà croisé des personnes qui vous laisse un souvenir lumineux ? C’est une rencontre dans une exploitation de plantes à parfum dans la belle région du Var qui va vous pousser d’abord dans l’histoire.

Une histoire de plantes, d’hommes et de femmes

L’histoire du parfum est faite de plantes, d’hommes, de femmes et aussi d’alambics. Elle peut sembler vous faire suivre des sillages détournés mais elle vous distille toujours cette essence nécessaire au coeur de cette aventure.

Des plantes et des hommes

L’homme a toujours utilisé les plantes et cela depuis des temps immémoriaux. De certains végétaux on a tiré de l’huile, de l’essence ou de la résine grâce à des systèmes d’extraction et de distillation de plus en plus sophistiqués. Aux origines l’alambic a été employé par les populations vivant sur le pourtour de la Méditerranée dans les régions où les plantes sont variées et abondantes.

Reine de beauté

Dans la Mésopotamie l’appareil est à condensation hydraulique et sert à la distillation des fleurs, des fruits et des herbes. Il est en terre et de conception simple. Son usage se retrouve dans la Grèce Antique et l’Egypte ancienne. Principalement destinés à des fins médicinales ou religieuses, les végétaux sont utilisés dans le domaine de la cosmétique par la reine Cléopâtre. C’est un des précurseurs de la beauté.

détail de peinture égyptienne

De la pierre philosophale à l’essence de rose

Des plantes très odorantes (romarin, myrte) sont macérées dans de l’huile. Ce mélange sert à parfumer les corps en les enduisant complétement.
Au VIIIe siècle grâce aux recherches d’alchimistes perses le système de l’alambic est amélioré. Persuadés de trouver enfin le secret de la pierre philosophale, ils créent la distillation alcoolique. Le mystère alchimique n’est pas découvert mais plusieurs centaines d’essences végétales sont ainsi distillées dont l’essence de rose.

alchimistes perses

La circulation de ces produits vers d’autres contrées est favorisée par les marchands orientaux mais cette époque est une période trouble. Les invasions et les croisades prédominent en permettant bon gré mal gré une importation des cultures et des productions.

Grasse

Blason de Grasse

Au rythme des conflits les frontières se modifient. Des régions françaises actuelles sont durant des siècles sous domination étrangère comme celle de Grasse.

Une ville novatrice et ambitieuse

Grasse fait partie de la Lombardie et ne rentre dans le royaume de France que vers la fin du Moyen-Âge.
C’est une ville novatrice : au XIe siècle elle est la première à faire disparaître le régime féodal jusqu’à ce qu’elle devienne un chef-lieu de Viguerie. Les rois et reines qui se succédent lui font bénéficier de libertés (héritage, commerce, culture) et lui assurent la prospérité. Grasse est ambitieuse : un traité politique et commercial la lie avec Gênes (une des plus puissantes républiques italiennes de l’époque) pendant trois siècles. Le même partenariat est effectué pendant 26 ans avec la république de Pise. Ces échanges commerciaux notamment de bétail, toile, cuir et peaux sont très florissants.

Les tanneurs-corroyeurs de Grasse

Les tanneurs de Grasse achètent les bêtes provenant des régions d’Italie. La rivière qui coule au centre de la ville permet le traitement des peaux. Les corroyeurs (les personnes qui apprêtent les peaux tannées) et tous les emplois liés au travail du cuir représentent la principale activité économique et commerciale. Grasse à cette époque ne sent pas franchement la rose à l’instar des centres de tannage. Une différence fait la spécificité de la région : les tanneurs-corroyeurs grassois n’utilisent pas le tan (écorce du chêne). Ils emploient les feuilles des plants de myrte qui couvrent le sol de la région. Cette plante apporte une odeur plus agréable et une couleur verte aux cuirs. Les artisans du cuir représentent dans la région une classe sociale aisée : les liens étroits de la ville avec la Ligurie lui permet le développement de l’importation et l’exportation des produits liés à l’élevage.

Le commerce des épices et des plantes

Du Xe au XVe siècle les principaux centres de commerce du monde occidental sont l’Italie et l’Espagne. Les échanges commerciaux entre les pays permettent la découverte des produits étrangers et d’assurer la prospérité de certaines contrées. La circulation des végétaux et des épices s’effectuent par les marchands et les épiciers. Chez ces derniers certains deviennent des épiciers-apothicaires (ancêtres des pharmaciens) avec la manipulation des plantes à des fins médicinales.

Navire au Moyen-Age

Pharmacopée et médecine

Les corporations se forment dans tous les métiers ainsi que chez les tanneurs-corroyeurs et les épiciers-apothicaires. Les connaissances ancestrales de ces derniers sont transmises oralement et pour certains par écrit. Les compétences reposent sur un long apprentissage et beaucoup de pratique.

Pharmacopée et magie


La méconnaissance des propriétés des végétaux, l’ignorance et les superstitions enveloppent les prémices de la pharmacopée de magies blanche et noire. Des charlatans vont de foire en foire et se servent de la naïveté des acheteurs pour les tromper. Connaissez-vous l’unique moyen à l’époque pour savoir si vous avez affaire à un escroc? le véritable épicier-apothicaire possède un local ! Les populations ont recours aux plantes essentiellement pour un usage thérapeutique et désinfectant : les fumigations et les bains parfumés sont pratiqués pour éloigner toutes les maladies dont la peste. Le naturel et les signes de bonne santé sont les canons de la beauté.

Distillation pour tous

Si l’alambic est l’outil de l’épicier-apothicaire, il n’est pas sa propriété exclusive : il est aussi employé à titre privatif dans des maisons. Les femmes en sont les principales utilisatrices car reconnues plus expertes dans la science des plantes. Elles distillent des eaux de fleur de lavandes ou de violettes selon les méthodes ancestrales transmises. Au cours des avancées apportées à la fabrication du verre, l’alambic bénéficie de transformation et d’amélioration. La cornue devient en verre et le système est plus élaboré.
Des prémices de la pharmacopée à ceux de la médecine il n’y a qu’un pas et il vous emmène en Italie.

Médecine et eau de vie

Pourquoi parle-t-on de la médecine et de l’Italie ? Parce que l’alambic est autant utilisé en pharmacie qu’en médecine et les deux sciences n’en font qu’une jusqu’en 1220 en France. La première école de médecine occidentale est créée durant le XIe siècle à Salerne dans la région de Campanie en Italie. La faculté profite du mélange des cultures et savoir-faire arabe, grec et chrétien.
La distillation que l’on y fait donne naissance à un élixir alcoolisé à la réputation bienfaisante : l’Élixir de vie (eau de vie). Cet alcool utilisé pur ou en distillation avec les végétaux est administré pour les soins aux malades.

La science fait un bon avec cette découverte. Et le parfum aussi. La France n’est pas en reste avec le domaine médical et GRASSE non plus. La rencontre du parfum avec l’histoire des plantes, des hommes et des femmes continue dans le prochain article.

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